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Nos activités

Nous reprendrons nos activités en fonction de l'évolution de la situation sanitaire.
Vous pouvez nous retrouver au Forum des associations qui se tiendra samedi 4 septembre, de 10h à 16h, salle Decrombecque - sous réserve de décisions gouvernementales ultérieures.
Nous vous tiendrons informés sur la suite de notre programme et des modalités d'organisation de nos activités prochaines.
Nous commençons avec ce bulletin, deux nouvelles séries : "Les anciens métiers de Chantilly" et "Les femmes de Chantilly".

Les anciens métiers de Chantilly

La Bistière

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Dentellière aux fuseaux de Vassili Tropinine
Dans une ville qui a donné son nom à une dentelle aux fuseaux, on ne peut pas parler des métiers anciens sans commencer par le travail des dentellières, qu’on nommait quelquefois des "bistières", car elles produisaient de la "bisette", qui était une dentelle faite à l'origine en lin non teint. Le nom vient probablement du mot "bis", "biset" : couleur gris-beige, qui trouve son origine dans l’adjectif latin " bysseus " : de la couleur du lin.
Les bistières étaient des femmes de tout âge, qui occupaient le moindre temps libre à une activité monotone qui nécessitait beaucoup d’heures de travail minutieux - il faut une heure pour réaliser 1 cm de dentelle d'une largeur de 7 à 8 cm de "blonde", la dentelle à fuseaux en soie.
Dès l'âge de 5 ans, les enfants fréquentaient des écoles où ils apprenaient toutes les finesses du métier pendant 4 ou 5 années, en travaillant jusqu’à 10 heures par jour. Les enfants devaient amener leurs fils et les dentelles obtenues étaient la propriété de la maîtresse qui les vendait à son profit.
Les années d'apprentissage terminées, les jeunes filles faisaient la dentelle chez elles, des fois plus de 12 heures par jour ce qui leur procurait un petit salaire. Celles qui n’avaient pas "appris" le métier faisaient des dentelles simples moins bien payées.
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École dentellière
Le salaire était de 10 à 12 sous quelques-fois 15 sous la journée, mais l’économiste Jérôme-Adolphe Blanqui (1798 – 1854) mentionne en 1848, des dentellières qui ne gagnaient que 25 centimes en quinze heures (5 centimes = 1 sou ; 100 centimes = 1 franc ; 1 franc de 1850 ~ 3.27 €, 1 journal coutait 1 sou).
Les femmes travaillaient presque toutes pour des intermédiaires qui leur fournissaient les fils et leur payaient le produit fini.

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Carreau de dentellière
Pour exécuter leur travail les dentellières ont peu d'outils. Leur coussin ou carreau sur lequel elles forment leur dentelle, carré d'environ 45 cm de côté recouvert d'une toile de lin et posé sur un support et leurs fuseaux, qui sont en buis ou en bois de fruitier et servent également de poids pour tendre les fils.


On enroule le fil sur les fuseaux à l’aide d’un bobinoir. Le modèle à exécuter est dessiné sur du carton "piqué" que la dentellière fixe sur le carreau avec quelques épingles. Elle fixe ensuite l'extrémité des fils des fuseaux sur le modèle avec des épingles, une à une jusqu'à avoir le nombre de fils nécessaire au modèle. Les pièces les plus belles pouvaient nécessiter plus de 800 fuseaux !
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Bobinoir
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Le dessin se compose avec des épingles qui retiennent les fils aux endroits indiqués sur le carton. Un concours classique pour les élèves des écoles dentellières consistait à piquer le plus rapidement possible les 500 premières épingles.

Le soir venu, la dentellière posait devant la bougie un globe rempli d’eau, la "boule de dentellière", qui augmentait l’éclairage et servait de loupe et facilitait l’exécution des milliers de points nécessaires pour effectuer 10 cm² de dentelle.

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Boule de dentellière
La dentellière peut avoir également besoin d’un petit pied de biche pour ôter les épingles, un poussoir pour les enfoncer, d’un fer à cheval qui permet de surélever les fils afin qu’ils ne s’accrochent pas dans certaines parties du modèle réalisé, un sous-main posé sur la dentelle déjà réalisée pour ne pas la salir, une pince appelée troisième main, utile lorsque le fil casse.
Jusqu'au XIXème siècle les dentellières ne travaillaient qu'en fils continus, elles devaient donc arrêter leur ouvrage lorsque les fuseaux étaient vides, ce qui donnait des pièces relativement courtes. Aussi lorsque les dentellières arrivent au bout du modèle ou une opération délicate consiste à remonter tout l'ouvrage pour le repositionner en haut du carton.
Pour avoir la bonne lumière, la dentellière travaillait le plus souvent devant la fenêtre, devant la porte ou au pré avec les voisines. Les rassemblements de dentellières sont connues sous le nom de "couviges", et leur tradition persiste jusqu'à nos jours (ex : 2014 à Chantilly, 2018 à Senlis).

À Chantilly l’activité dentellière s’est développé à partir du XVIIe siècle, sous l’impulsion d’Anne de Bavière, princesse de Condé, (1648 – 1723) qui forme le premier groupe de dentellières à Chantilly: “les filles rouges”.
Un réseau de marchands dentelliers, dessinateurs, piqueurs se développe à Chantilly et aux alentours employant en 1825, plus de 1000 dentellières.

En 1844, apparaît la dentelle «mécanique» imitant parfaitement la dentelle faite à la main. Le développement de la dentelle mécanique condamne définitivement la production manuelle.

La dentelle nous accompagne dans les moments les plus heureux de la vie, rendons hommages à ces ouvrières qui ont perpétré son art.

Nos publications :
La dentelle de Chantilly d'hier à aujourd'hui
Chantilly. Les dentelles: fabricants et marchands

Pour en savoir plus :
Musée de la dentelle de Chantilly
https://www.wolfdentellecantiliacietfuseaumaimboldi.fr/
https://letincelle.net/
https://www.facebook.com/musee.dentelle.arlanc/
Wikipedia

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Blonde de Chantilly, dentelle en fil de soie
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Dentelle en fil de lin

Les femmes de Chantilly

Madeleine de Savoie, duchesse de Montmorency

Cette grande dame de la Renaissance qui travaillait inlassablement aux côtés de son illustre époux a été presque totalement oubliée dans l’ombre de celui-ci.

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Madeleine de Savoie est née probablement vers 1510. Sa mère s'appelait Anne comtesse de Tende, de la maison de Lascaris (1487 – 1554) et son père, René de Savoye, " le Grand Bâtard " (1473 – 1525), légitimé comte de Villars, gouverneur de Provence, était le demi-frère de Louise de Savoie, mère de François I.
Aussitôt que Madeleine fut en âge d'être mariée, sa mère Anne de Tende avec l’appui de sa belle-sœur Louise de Savoie, négocie le mariage avec Anne de Montmorency (1492 – 1567), maréchal de France, à l'époque.


Le mariage fut célébré au mois de janvier 1526, à Saint-Germain - en - Laye, en présence de toute la cour. Le roi offre un présent de cinquante mille livres et la terre de la Fère-en-Tardenois (Aine, 02130).





Douze enfants sont nés de ce mariage : François (1530-1579), Henri (1534-1614), Charles (1537-1612), Gabriel (1541 – 1562), Guillaume plus connu sous le nom de Thoré (vers 1547-1594), Madeleine (1582-1615), Éléonore, ( ? - vers 1557), Jeanne ( ? - 1596), Catherine (1532-1624), Anne († 1588), Louise, Madeleine (morte en 1598).
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Château de Fère-en-Tardenois en 1775
madeleine de savoie et trois de ses filles
Madeleine de Savoie et trois de ses filles
L’empire d’Anne de Montmorency avait des proportions exceptionnelles et pour l’administration de ses richesses il doit faire appel à des hommes de confiance, puisque ses activités militaires ou diplomatiques l’éloignent souvent de ses domaines. En premier lieu son père, Guillaume. Guillaume de Montmorency meurt en 1531 mais depuis 1526, Madeleine de Savoie est à ses côtés à Chantilly, alors au cœur de leur seigneurie. Le partage des tâches entre époux est monnaie courante à la Renaissance et des documents conservés à Chantilly évoquent cette orgueilleuse mère de famille nombreuse, grande maîtresse qui ne chôme ni côté constructions, ni côté gestion
du patrimoine des Montmorency. Les archives prouvent, d’ailleurs, sa carrière de gestionnaire et de bâtisseuse. Le Petit château de Chantilly, les sept chapelles, l'hôtel de Beauvais, le château d'Écouen, le château de Fère-en-Tardenois, et des bâtisses qui n'existent plus : le château de Compiègne, le château de Offemont, le château de Gandelu sont seulement quelques exemples de cette vaste entreprise.
C’est elle qui ordonne le paiement des maçons, plâtriers, couvreurs, serruriers, charpentiers et menuisiers et qui fixe même les amendes pour infractions.
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L’avis de Jean Le Laboureur (ecclésiastique, écrivain et un historien, 1623 – 1675) sur son rôle interpelle :

« Quand le Maréchal de Montmorency était à la tête de l’armée […], elle allait visiter ses châteaux, en réparait les ruines, et se renfermait dans l’intérieur de son domestique. C’est là qu’au milieu de ses fermiers et de ses vassaux, elle était aussi grande que le Maréchal à la tête des armées»
En 1538, le maréchal de Montmorency fut élevé à la dignité de connétable, et fut exilé quelque temps après. Madeleine, après avoir partagé sa fortune, partagea sa disgrâce, et se retira avec lui à Chantilly. Cet exil dura sept ans.
Le connétable reprit le commandement de l'armée. Mortellement blessé au cours de la bataille de Saint-Denis il expira dans les bras de son épouse le 12 novembre 1567. Madeleine consacra son veuvage à la gloire de son mari : elle lui fit élever un superbe mausolée dans l'église de Saint -Martin de Montmorency.
En 1570, Charles IX la fit venir à la cour, pour être première dame d'honneur d'Elizabeth d'Autriche sa femme. Madeleine alors âgée de soixante ans y consentit, pour pouvoir veiller sur ses enfants qui avaient embrassé le parti des Calvinistes. Après l’horrible massacre de la Saint-Barthélemy, Madeleine, à la sollicitation de Catherine de Médicis, s'empressa de réconcilier ses enfants avec les Guises.
gisants de madeleine de savoie et anne de montmorency
Gisants d'Anne de Montmorency et de Madeleine de Savoie
Elle mourut en son hôtel de Paris, en 1586, à l'âge de soixante - seize ans.
Son corps fut porté dans l'église de Montmorency, à côté de celui de son mari.

Bonnes vacances !

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