Sommaire
- L’inhumation des soldats avant la Première Guerre Mondiale
- Les pratiques pendant et après la Grande Guerre
- Organisation des cimetières militaires français
- La mention « Mort pour la France »
- Le carré militaire du cimetière Bourillon
- Soldats enterrés dans le carré militaire du cimetière Bourillon
- Nos publications
L’inhumation des soldats avant la Première Guerre Mondiale
Avant la Première Guerre Mondiale, les soldats tombés sur le champ de bataille étaient souvent enterrés dans des fosses communes, sans distinction de nationalité ou de religion. Le manque de ressources, de temps et l’absence d’une organisation administrative efficace rendaient impossible l’attribution d’une sépulture individuelle à chaque soldat, un privilège réservé uniquement aux officiers. Les autorités locales tenaient des registres avec les noms des soldats, la localisation des fosses communes et des éléments d’identification pour faciliter le rapatriement éventuel des corps vers leurs familles.
Cependant, dès que les circonstances le permettaient, les soldats eux-mêmes s’efforçaient de donner des sépultures individuelles à leurs camarades et de les identifier de manière durable.
À partir du XIXe siècle, les fosses communes furent progressivement remplacées par des sépultures individuelles. Aux États-Unis, dès 1861, le ministère de la guerre procédait au recensement, à l’identification et à l’inhumation individuelle des soldats. Le traité de Francfort du 10 mai 1871 marqua la volonté des États français et allemand de préserver les sépultures de manière permanente. Des lois allemandes (1872) et françaises (1873) organisèrent pour la première fois l’aménagement et l’entretien des sépultures de guerre, permettant de regrouper les morts selon leur nationalité et leur religion.
Les pratiques pendant et après la Grande Guerre
Dès les premiers mois de la Grande Guerre, certaines familles tentèrent de récupérer les corps de leurs proches, perturbant les opérations militaires. Le général Joffre et les autorités britanniques interdirent ces initiatives. Un arrêté du GQG du 22 février 1915 et la loi du 29 décembre 1915 accordèrent aux soldats français et alliés décédés le droit à une sépulture perpétuelle sur le sol français.
La loi de finances du 31 juillet 1920 décréta que les cimetières militaires, destinés à recevoir « à titre perpétuel les cendres des soldats morts pour la France », devenaient « propriété nationale » et seraient entretenus aux frais de la nation. Les veuves, ascendants ou descendants avaient le droit de faire restituer et transférer les corps de leurs proches à la charge de l’État.
L’article 225 du Traité de Versailles stipula que chaque pays devait entretenir les sépultures sur son territoire. La loi du 26 juin 1922 étendit cette obligation aux sépultures des soldats allemands. La circulaire du ministre des Pensions du 24 février 1927 précisa les conditions de réalisation des plans des cimetières militaires français.
Organisation des cimetières militaires français
Les cimetières militaires français sont organisés autour d’un drapeau tricolore flottant en leur centre. Ils accueillent les corps des soldats morts au front, identifiés ou non. Les restes anonymes sont placés dans des ossuaires ou des tombes communes.
Initialement, aucun fleurissement n’était prévu. La circulaire du 24 février 1927 interdit toute ornementation particulière, prônant la sobriété et l’uniformisation. Une loi du 11 juillet 1931 alloua un budget pour l’aménagement et l’embellissement des cimetières militaires, conduisant au remplacement des croix en bois par des croix en béton armé, et les tombes furent décorées de fleurs, principalement des rosiers polyanthas rouges, qui fleurissent jusqu’au 11 novembre..
Pour le marquage des tombes, les croix latines et trois modèles de stèles furent adoptés pour les israélites, les musulmans et les athées, respectant les rites propres à chaque religion, notamment l’orientation des corps. La France est le seul pays qui ait ainsi officiellement prévu qu’un mort de la guerre puisse n’avoir aucune religion.
Les blessés morts dans des hôpitaux éloignés du front furent généralement inhumés dans des carrés militaires des cimetières urbains ou dans des tombes familiales.
La mention « Mort pour la France »
La loi du 29 décembre 1915 instaura la mention « Mort pour la France » sur les actes de décès des soldats français ou alliés décédés pendant la guerre ou des suites de celle-ci.
Une loi du 25 octobre 1919 prévoyait d’inscrire leurs noms sur des registres déposés au Panthéon et de remettre à chaque commune un livre d’or contenant les noms des combattants morts pour la France. Ce projet national fut finalement abandonné, les monuments aux morts communaux prenant le relais pour assurer la sauvegarde des noms des morts.
Le carré militaire du cimetière Bourillon
Le carré militaire du cimetière Bourillon abrite les tombes de 37 soldats morts pendant les opérations de la Première Guerre mondiale. Trente-six tombes sont disposées autour d’un drapeau tricolore et d’une stèle du « Souvenir Français ». Une tombe individuelle, celle du lieutenant pilote brésilien Luciano de Mella Vieira, complète ce carré militaire dédié aux victimes de la guerre de 1914-1918.
Les tombes sont marquées de la « croix-épée ». Dans les années 1920, pour unifier la symbolique guerrière et religieuse des tombes des soldats morts durant la Grande Guerre, le Souvenir Français a choisi la croix-épée. Fabriquée en fonte, initialement de couleur bleu horizon, cette croix en forme d’épée est ornée d’une croix de guerre et d’une palme. Elle porte la plaque nominative du combattant avec la mention « Mort pour la France ». Le cartouche indique le nom, le prénom, le régiment et la date du décès du « Poilu », avec l’inscription « À nous le souvenir, à eux l’immortalité » entourant la plaque nominative.
Il existe également un emblème musulman.
C’est le Conseil d’Administration du Souvenir Français qui, le 18 avril 1919, a choisi ce modèle d’emblème funéraire pour les sépultures des combattants « Morts pour la France ». L’industriel Ferdinand Bies (1881-1962) en fut le créateur et le fabricant. Ces croix-épées ont été approuvées par l’État dans les années 1920, remplaçant les croix en bois temporairement installées dans les cimetières de la Grande Guerre.
Cette pratique a perduré jusqu’aux années 1960, lorsque la croix latine en béton est devenue la norme dans les carrés militaires. La production des croix-épées du Souvenir Français s’est arrêtée en 1975.
( Aujourd’hui, dans sa volonté de préserver le patrimoine funéraire des cimetières communaux, le Souvenir Français collabore avec une entreprise qui a réalisé un moule de croix-épée pour une impression en 3D, permettant à nouveau d’en proposer.)
À part le carré militaire, d’autres soldats sont enterrés dans des tombes familiales.
Soldats enterrés dans le carré militaire du cimetière Bourillon
ATTIBARD Charles Henri
Cuirassier – 8e R.C., décédé à 23 ans, le 14/06/1918, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé
AUBERT Louis Charles Marcel
Soldat – 26e R.I., décédé à 23 ans, le 29/06/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
Croix de guerre étoiles de bronze et argent – 3 Citations.
BOCHARD Joseph
Soldat – 41e R.I., décédé à 21 ans, le 01/06/1918, à Chantilly,Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
BOUST Albert Paul
Adjudant, arrivé comme Commis Télégraphique au G.Q.G. le 02/08/1914, décédé à 27 ans, le 09/01/1916, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé
CHATELAIS Jean Marie Julien
Soldat – 41e R.I., décédé à 24 ans, le 01/06/1918, à Chantilly,Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
CHEVRIER Gaston Camille
Soldat – 273e R.I., décédé à 20 ans, le 07/06/1918, à Chantilly,Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
CLOSIER Arthur
Sergent fourrier – 5e C.C.F. (Compagnie de Chasseurs Forestiers), décédé à 38 ans, le 25/02/1915, à Chantilly,Hôpital complémentaire 51 dit Condé Général.
CONDAT Pierre Joseph Georges
Soldat – 136e R.I., décédé à 20 ans, le 25/06/1918, à Chantilly,Hôpital complémentaire 51 dit Condé Général.
COURTILLE Louis Antoine
Soldat – 139e R.I., décédé à 32 ans, le 06/06/1918, à Chantilly,Hôpital complémentaire 51 dit Condé Général.
Médaille militaire – Croix de guerre avec palme – Citation à l’ordre du Régiment le 12/09/1917
DENIAU Baptiste Louis Henri
Dragon – 27e R.D, décédé à 25 ans, le 18/07/1918, à Chantilly,Grand Quartier Général.
DESANGLES Émile Marie Jean Eugène Henri
Brigadier – 8e R.C. (Cuirassiers) , décédé à 26 ans, le 14/06/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
Citation à l’ordre du régiment le 19/04/1918 : « A fait preuve du plus beau courage et d’un mépris absolu du danger en réparant à plusieurs reprises sous un violent bombardement une ligne téléphonique dont il avait l’entretien » – Citation à l’ordre de la division le 22/06/1918
DETHIRE Alexandre
Chasseur 5e R.C.C., décédé à 29 ans, le 26/10/1917, à Chantilly.
Victime d’un accident de chemin de fer à la gare de ravitaillement de Chantilly
DUBAT (DUBAS) Roger
Tirailleur – 4e R.M.T. (R.M.T. Régiment de Marche de Tirailleurs), décédé à 20 ans, le 01/06/1918, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
Marqué DUBAS sur la tombe.
DUCHAMP Louis
Zouave – 1er R.M.Z.T. (Régiment Mixte de Zouaves et de Tirailleurs), décédé à 19 ans, le 20/06/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
DUCOR Victorin Marius
Soldat – 52e R.I., décédé à 27 ans, le 02/12/1914, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
DUPUIS René
Zouave – 1er R.M.Z. (R.M.Z. Régiment de Marche de Zouaves), décédé à 24 ans, le 21/09/1914, à Noisy-le-Sec.
GINESTEL Albert Henri Joseph
Canonnier conducteur – 254e R.A.C. (Régiment d’Artillerie de Campagne), décédé à 20 ans, le 02/06/1918, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
GOT Georges Alphonse Gustave Arthur
Soldat – 319e R.I., décédé à 26 ans, le 10/12/1914, à Chantilly.
JULIAT Jean Baptiste Dominique René
Soldat – 136e R.I., décédé à 20 ans, le 15/06/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
Médaille militaire – Croix de guerre étoile de bronze
JUNGERS (JUENGERS) Louis
Soldat – 230e R.I., décédé à 20 ans, le 14/06/1918, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
Marqué JUENGERS sur la tombe.
LAÏCHI Ben Fatah
Tirailleur – 1er R.M.T.M. (Régiment de Marche de Tirailleurs Marocains), décédé le 03/07/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
MARRACHO Pierre
Gendarme à cheval – 18e L.G. (Légion de Gendarmerie, décédé à 42 ans, le 17/08/1916, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
Détaché comme prévôt à l’escadron du G.Q.G. des Armées pour l’escorte du général en chef – Lors ses obsèques, douze gendarmes de la prévôté lui ont rendu honneur.
DE MELLO VIEIRA Luciano
Brésilien, lieutenant pilote – (Légion Étrangère) Division « Salmon » du G.D.E. de Plessis-Belleville, décédé à 26 ans, le 28/01/1918, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
Une stèle a été érigée à côté du Monument aux Morts de Chantilly (avenue du Maréchal Joffre) en mémoire de Luciano de Mello Vieira et Charles Albert de Luynes duc de Chevreuse, tombés à Chantilly le 28 janvier 1918.
MÉVEL ( MELVEL) François Yves Marie
Soldat – 41e R.I., décédé à 19 ans, le 19/06/1918, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
Marque MELVEL sur la tombe.
MERMAZ François Louis
Soldat – 6e R.I., décédé à 22 ans, le 06/07/1918, à Chantilly, Hôpital d’évacuation 38 B (Survilliers).
MOUTIER Édouard François
Cuirassier – 12e R.C., décédé à 27 ans, le 12/06/1918, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
Médaille militaire – Croix de guerre – Citations dont « À fait preuve du plus grand dévouement en relevant les hommes de sa compagnie et ceux des unités voisines sans ternir compte de sa fatigue… a eu une conduite digne d’éloges dans les combats de mai, juin, juillet 1918 »
PACARY Marcel Louis
Soldat – 69e R.I., décédé à 27 ans, le 30/06/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
PETIT Ulysse Lucien
Canonnier conducteur – 260e R.A.C. (Régiment d’Artillerie de Campagne), décédé à 24 ans, le 06/07/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
PUAUD (PRIAUD) Montfort Camille Paul Victor
Caporal – 18e B.C.P. – B.C.P. Bataillon de Chasseurs à Pied, décédé à 21 ans, le 16/06/1916, à Chantilly, Hôpital complémentaire 51 dit Condé.
Marqué PRIAUD sur la tombe.
RADAIS Joseph Modeste Victorien
Soldat 246 R.I., décédé à 21 ans, le 03/07/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
ROL Cyrille
Conducteur – 3e E.T.E.M. ( E.T.E.M. Escadron du Train des Equipages Militaires), décédé à 42 ans, le 26/06/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
ROUILLARD Pierre Louis Marie
Caporal 71e R.I., décédé à 31 ans, le 16/06/1918, à Chantilly, l’Hôpital complémentaire 51, Condé
SALLEFRANQUES (SALFRANQUES) Jean Baptiste
Soldat 418 R.I., décédé à 21 ans, le 20/06/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
(Marqué SALFRANQUES sur la tombe)
SOLER (SOLLER) Joseph
Zouave – 1er R.Z., décédé à 23 ans, le 30/06/1918, à Chantilly, l’Ambulance chirurgicale 242, petite pelouse.
(Marqué SOLLER sur la tombe)
THOUVEREY Nicolas Maurice François
Caporal fourrier – 4e R.T.A. ( R.T.A. Régiment de Tirailleurs Algériens), décédé à 21 ans, le 04/06/1918 à l’Hôpital complémentaire 51 dit Condé.