Note: Les photos qui accompagnent cette présentation ne se trouvent pas dans l’édition papier.
Les antécédents
Le nom de la Vierge Marie était déjà attaché à un monument religieux de Chantilly, dès la première moitié du XVIe siècle. Vers 1538, le connétable Anne de Montmorency avait fait édifier sept petites chapelles portant les noms des basiliques de la ville éternelle. Parmi ces chapelles, l’une dédiée à Notre-Dame, située en contre-bas du Jeu de Paume actuel, disparut lors des transformations du parc.
Le second Connétable de Montmorency, projeta, vers 1601, de fonder une église et un monastère en l’honneur de la Mère de Dieu. Les temps durs obligèrent le Connétable à renoncer à son projet et les habitants des hameaux avoisinant le château, continuèrent à dépendre soit de la paroisse de Gouvieux, soit de celle de Saint-Léonard.
Dès juin 1684, le Grand Condé prévit la place, en face de l’Hôtel de Beauvais (actuel 12, rue du Connétable), où devait être construite une chapelle. La mort du Prince retarda encore une fois le projet, mais l’héritier, Henri-Jules de Bourbon, fit édifier l’église, de 1687 à 1691, par les soins de l’architecte ingénieur Pierre Gittard (1665-1746), sur un plan donné par Jules Hardouin-Mansart (1646-1708).
Naissance de l’église
La première description de l’église « de pierre de taille de fond en comble et voûtée de même », ornée avec amour par les hommes qui l’avaient construite et aménagée, nous est laissée par Nicolas de Saint Leu, archidiacre et chanoine de Senlis, qui visite Chantilly le 26 janvier 1692. La nouvelle église fut consacrée le 13 mars 1692. Le maître-autel fut dédié à Notre-Dame de l’Assomption et reçut les reliques des saints martyrs Sigismond et Hermès. Les cloches furent baptisées au mois de juin. Elles étaient trois:Anne-Louise, Henriette-Anne et Françoise-Louise.Enfin le prince de Condé pourvut généreusement au mobilier et aux objets du culte: argenterie, ornements, linge, livres.
L’église grandit
En 1724, pour répondre aux besoins spirituels des habitants, Monsieur le Duc entreprit de faire agrandir l’église Notre-Dame. Les dimensions de l’église n’ont plus été modifiées: 42 mètres de long dont 18 pour le choeur, 12m50 de largeur pour la nef et 6m30 pour chaque bas-côté, soit 25m10 en tout; un ensemble solide, un peu lourd, comme l’était l’ancien château. Le clocher se trouve à gauche de l’église.A Dieu Très Bon Très Grand, Sous le patronage de la Bienheureuse Vierge Marie Enlevée au ciel
Son premier clergé
Le premier curé de Chantilly (1692-1722), l’abbé Martin Berger avait été recommandé au prince de Condé par Bossuet. Il reçut un traitement de 300 livres, augmenté du revenu de plusieurs bénéfices
François Bastin , ordonné prêtre en 1697, remplissait les fonctions de sacristain de l’église et de magister de la paroisse.
Pour loger le clergé, un joli presbytère avait été construit en 1722 (il existe encore dans l’arrière-cour du 8, rue du Connétable). L’abbé de Biran (1722-1733) fut le premier occupant du presbytère.
La tourmente
La Révolution naissante supprima la maison professe de Jésuites, rue St-Antoine à Paris. Les coeurs des princes de Condé, qu’elle abritait, furent transférés, le 4 février 1791, dans l’église de Chantilly sur l’ordre du prince de Condé, déjà émigré. Deux mois plus tard, l’abbé Robert et ses deux vicaires étaient destitués, après avoir refusé de prêter serment à la constitution civile du Clergé. Le 15 octobre 1793, ce fut » l’abomination de la désolation »: les objets du culte volés, brûlés, les coeurs des princes jetés dans le vieux cimetière situé derrière l’église, des tombes profanées. Deux des cloches furent envoyées à la fonte et l’église fermée devint alors carrière de salpêtre recherché pour la fabrication de la poudre à canon. Un silence de huit années allait tomber sur la paroisse Notre-Dame; seule survivait l’Église des Catacombes, soutenue par les abbés Aillot, ancien prébendé de St-Nicolas d’Acy, et Dufresnoy, ancien vicaire de St-Rieul de Senlis.La renaissance
L’orage calmé, en 1801, l’abbé Robert revint à Chantilly et, le 16 mai 1802, un Te Deum solennel fut chanté dans l’église. En 1814, après le retour des Princes, la seule cloche laissée à l’église, fêlée, fut remplacée par une petite, d’occasion, qui porte un médaillon avec l’enfant Jésus et Saint Jean et l’inscription :A la Mère de Dieu, la Vierge Marie du Mont Carmel, à la célestielle Mère Thérèse de JésusAprès le pillage de l’église en 1793, l’aubergiste Petit avait recueillit les coeurs des Princes et il les remit au Prince de Condé en 1814 . Celui-ci les fit placer dans une armoire de la sacristie où devait les rejoindre, le 3 septembre 1830, le coeur du duc de Bourbon, dernier du nom. La chapelle du grand château avait été détruite, comme le reste de l’édifice, à la fin de la Révolution, mais la pierre consacrée de l’autel, sauvée par Mme Seguin, fut donnée à l’église Notre-Dame.
Le grand élan de piété
En 1841, Mlle Adélaïde Botin, demanda et obtint du curé, l’abbé Lucien, l’établissement de la Confrérie de Notre-Dame des Suffrages.
C’est l’architecte Jean-Charles Piart-Dérinet (1804-1896) qui dessina la chapelle et dirigea sa construction dans le bas-côté gauche. Pour l’autel, Mme Séguin fit don de la pierre consacrée de l’autel de la chapelle du grand château, qu’elle avait sauvée de la destruction pendant la Révolution.
Les statues de l’Espérance et de la Charité furent sculptées dans la pierre des murs. Le tableau central, peint en fresque directement sur le mur, est l’oeuvre de Léon Bénouville (1821-1859) et Jules Lenepveu (1819-1859).
Le monuments des cœurs
En même temps, le bas-côté droit fut orné d’un ensemble destiné à encadrer le monument où le duc d’Aumale avait décidé de faire placer les cœurs des Condé.
La pratique de l’inhumation séparée (corps, cœur, entrailles) est née en Occident pour faire face à des problèmes de conservation de la dépouille. Lorsque le prince meurt loin de la nécropole dynastique, il est préférable d’ôter ses viscères, organes les plus putrescibles, pour avant de transporter le corps.
En France, il faut attendre le XIIIe siècle pour assister aux premières divisions royales : le corps de Louis VIII, mort en 1226 à Clermont-Ferrand, fut éviscéré (les entrailles sont ensevelies sur place à Saint-André de Clermont).
Philippe III († en 1285 à Perpignan) est certainement le premier roi de France dont le cœur bénéficie d’une sépulture particulière (il est inhumé dans le couvent des Dominicains de Paris, sur la demande de Philippe IV le Bel).
Née pour des problèmes pratiques, la division devient dans le dernier quart du XIIIe siècle une décision anticipée dans le testament. La tombe multiple fait l’objet d’un choix, qui répond avant tout à des préoccupations religieuses, affectives ou dynastiques. Les tombeaux de cœur et d’entrailles, accompagnés d’épitaphes, entretiennent la mémoire du prince au même titre que sa tombe de corps.
Les cœurs des princes de Condé, que la maison professe de Jésuites, rue St-Antoine à Paris abritait, furent transférés, le 4 février 1791, dans l’église de Chantilly sur l’ordre du prince de Condé, déjà émigré.
Deux mois plus tard, l’abbé Robert et ses deux vicaires étaient destitués, et
le 15 octobre 1793, ce fut ” la désolation”: les objets du culte volés, brûlés, les cœurs des princes jetés dans le vieux cimetière situé derrière l’église, des tombes profanées.
En 1793, après la profanation de l’église de Chantilly, l’aubergiste Petit sauva les cœurs des Condé. Ils furent récupérés et placés en 1814 dans une armoire de la sacristie où devait les rejoindre, le 3 septembre 1830, le cœur du duc de Bourbon, dernier du nom.
À l’initiative du duc d’Aumale, ils furent replacés à l’église, dans le Monument des cœurs, dessiné par l’architecte Jean-Louis Grisard (1797 – 1877), le 13 mai 1854.
Le 25 juin 1876, le cœur du fils aîné du duc d’Aumale, mort à Sidney, y fut accueilli.
Finalement, le 18 septembre 1883, les cœurs trouvèrent leur repos définitif dans la chapelle du château, sous une œuvre de Jacques Sarrazin datant de 1648.
Entre les deux piliers qui encadrent la perspective du cénotaphe, sans monument, pas même une inscription , repose Guillaume III Bouteiller, mort avant 1340.
L’orgue
L’église avait jadis possédé un orgue sorti de l’atelier de Cliquot mais qui fut victime des déprédations commises en 1793. On installa en 1848 un harmonium, qui fut utilisé pendant 10ans.
Les cloches
A la petite « carmélite » de 1814 vint se joindre en octobre 1862Pauline – note reet puis au XXe siècle
Marie – Jacqueline – note fa, et Marie – Joseph – note sol.