Portrait du duc d’Aumale par Franz Xavier Winterhalter, 1840 (source Wikipedia)
Jeunesse et éducation
Le 16 janvier 1822, naît à Paris, au Palais-Royal, Henri-Eugène-Philippe-Louis d’Orléans, titré duc d’Aumale.
Il est le neuvième enfant et le cinquième fils de Louis-Philippe, duc d’Orléans, qui deviendra Roi des Français en 1830 et de Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, princesse de Salerne, nièce de la reine Marie-Antoinette.
En 1830, à la mort du dernier Condé, Louis VI Henri Joseph de Bourbon-Condé (1756-1830), il hérite le domaine de Chantilly.
Pour l’éducation du duc d’Aumale, le choix du roi s’était arrêté sur un jeune professeur, M. Alfred Cuvillier-Fleury, pour lequel le prince eût toute sa vie une grande affection.
M. Cuvillier-Fleury, fut secrétaire du duc pendant sa vie militaire et son ami tout au long de sa vie. Plus tard, M. Cuvillier-Fleury étant devenu aveugle, le duc allait le voir et lui lisait des fragments de ses oeuvres.
Carrière militaire
Les études du jeune duc se poursuivent à Paris au collège Henri IV et plus tard à Sorbonne. Il est surtout attiré par les lettres anciennes, grecques et latines, ensuite par l’histoire.
À la fin des études le duc se consacre à la carrière militaire. Couronné au concours général le 20 août 1839, le lendemain il rejoint le 4e régiment d’infanterie légère, dans lequel il était incorporé.
Capitaine à 17 ans, colonel à 19 ans, général à 21 ans, il se distingue à la prise de la smalah d’Abd-el-KaderAbd el-Kader (1808-1883), est un émir, chef religieux et militaire algérien, qui mène une lutte contre la conquête de l'Algérie par la France au milieu du XIXᵉ siècle., le 16 mai 1843.
Portrait du duc d’Aumale, vers 1843 (source Wikimedia)
Mariage
Le 25 novembre 1844, il épouse Caroline-Auguste de Bourbon princesse de Deux-Siciles (née le 26 avril 1822), fille du prince de Salerne et de l’archiduchesse Marie – Clémentine.
La famille fête le 25 novembre 1845 la naissance, à Saint-Cloud, de Louis d’Orléans, prince de Condé.
Gouverneur de l’Algérie
Il devient gouverneur général de l’Algérie, en septembre 1847 et le 23 décembre 1847, Abd-el-KaderAbd el-Kader (1808-1883), est un émir, chef religieux et militaire algérien, qui mène une lutte contre la conquête de l'Algérie par la France au milieu du XIXᵉ siècle. fait sa soumission au duc d’Aumale.
En 1848, la révolution oblige le duc d’Aumale et sa famille à s’exiler en Angleterre. Son éloignement durera 23 ans.
Portrait de Marie Caroline Auguste de Bourbon, duchesse d’Aumale, par Franz Schrotzberg (source Wikipedia)
Ils habitent à Twickenham, dans “l’Orléans House”, qu’il avait acheté en 1855.
Pendant son exil, le duc d’Aumale va bénéficier de l’institution de trustnotion fondamentale du droit anglais, par laquelle la propriété d'un bien, détenue par son fondateur (settlor), est confiée à un détenteur (trustee), à charge pour lui de l'administrer pour le compte d'un bénéficiaire (beneficiary) ; inventée au temps des croisades, cette notion est toujours en vigueur en Grande-Bretagne. qui lui permet de garder la propriété du domaine de Chantilly en dépit du décret du 25 janvier 1852, relatif à la restitution à l’État des biens de la famille d’Orléans. Le domaine de Chantilly paraît être vendu à deux Anglais: Edward Marjoribanks et Edmund Antrobus, gérants associés à la banque Coutts & Co., la banque du duc d’Aumale. Pendant les années d’exil du duc d’Aumale, ces deux banquiers vont venir régulièrement à Chantilly, pour gérer le domaine, organiser des festivités et réceptions.
Le duc reçoit les revenus qui vont être employés dans l’intérêt du domaine de Chantilly, pour la reconstruction ( coût énorme, comparable à celui de l’Opéra Garnier) et l’acquisition des collections.
Au lendemain de la chute du Second Empire, le duc d’Aumale retrouve sa propriété sans difficulté. Les propriétaires apparents s’effacent et disparaissent. Il est possible que les représentants de Napoléon III aient compris cette construction juridique, mais ils ne pouvaient pas intervenir dans un mécanisme qui avait sa source et ses moyens d’exécution en Angleterre. En plus, l’éloignement du duc d’Aumale convenait à ceux qui redoutaient son prestige personnel.
La couronne de la Grèce est offerte au duc d’Aumale, mais l’obligation de consentir que son héritier devienne grec, non seulement de nationalité mais aussi de religion, le fait refuser cette honneur.
Le duc se dédie à l’écriture de “l’Histoire des princes de Condé“, soutenu par sa femme qui copie de sa main les deux premières volumes.
C’est en Angleterre, qu’un deuxième enfant, François d’Orléans duc de Guise naît, le 5 janvier 1855.
L’année 1866 est terriblement douloureuse pour la famille.
En février, son fils aîné, le prince de Condé embarque pour un voyage autour du monde, avant le mariage prévu avec sa cousine Margueritte, fille du duc de Nemours.
Le 24 mai, le duc reçoit une dépêche annonçant la mort du prince de Condé à Sydney, en Australie, suite d’une fièvre typhoïde.
Deux mois avant, le 24 mars, c’était la mort de sa mère, la reine Marie-Amélie. Le coup est trop lourd pour la duchesse d’Aumale qui s’éteint trois ans après, le 6 décembre 1869.
Le duc d’Aumale, portrait par Charles-François Jalabert, 1866 (source Wikipedia)
Le retour en France
En 1870 la guerre avec la Prusse éclate et le duc d’Aumale et ses frères, le prince de Joinville et le duc de Chartres viennent à Paris et demandent de servir dans les rangs de l’armée française. Après un refus formel, ils se voient forcés, sur l’ordre du gouvernement de quitter la France. Ils refusent cependant d’en sortir sans passeports officiels, et ne partent qu’en possession de ces documents.
En 1871 le duc d’Aumale est élu député de l’Oise et accompagné par son frère le prince de Joinville rentre en France à Bordeaux où l’Assemblée nationale devait se réunir.
Pendant la Commune, ils sont à Dreux et la famille du duc rentre en France, le 6 juillet 1871, après l’abrogation des lois d’exil.
Le 28 octobre 1871 ils arrivent au château de Chantilly assez dénué de tout ce qui est nécessaire à l’habitation.
Château de Chantilly avant reconstruction
Le château ne fut remeublé que l’hiver suivant, lorsque le duc fit venir d’Angleterre les meubles et la bibliothèque qui, en partie, s’y trouvent encore aujourd’hui.
Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury par Adam-Salomon. (source Wikipedia)
Le 30 décembre le duc est élu à l’Académie française en remplacement du comte Charles de MontalembertCharles de Montalembert (1810-1870) est un journaliste, historien et homme politique français et il va être reçu le 3 avril 1873, par son ancien précepteur Cuvillier-Fleury.
Un coup terrible frappe de nouveau le duc, le 25 juillet 1872, quand son deuxième fils, le duc de Guise meurt à Paris suite à une fièvre.
Le mois de mars 1872, le gouvernement lui avait rendu son épée et en octobre 1873 il présida le conseil de guerre qui jugea le maréchal Bazain, responsable de la capitulation de Metz en 1870. À un moment, le maréchal rappela au duc d’Aumale la situation désastreuse au moment de sa défaite:
“Il n’y avait plus de gouvernement, il n’y avait plus la loi, il n’y avait plus rien!“
Le Duc répondit:
“Il y avait encore la France!“
Le duc d’Aumale, portrait par Léon Joseph Florentin Bonnat, 1880 (source Wikipedia)
Ensuite, le 12 décembre, il reçoit le commandement du 7e corps d’armée.
Il exerce pendant six ans le commandement et en 1879 il est nommé inspecteur général des corps d’armée. Cette inspection au cours de laquelle il parcourut une partie du nord et tout le midi, fut son dernier acte militaire dans le service active.
Le testament
À partir de 1876 il commence la reconstruction du château de Chantilly.
Le 14 février 1880, il est reçu à l’Académie des Beaux-Arts.
En 1883 le duc et d’autres princes de sa famille qui appartenaient à l’armée furent mis en non activité par retrait d’emploi. Rentré si brusquement dans la vie civile, le duc d’Aumale retiré à Chantilly reprend ses activités littéraires et accompagné de ses invités, chasse dans la forêt du domaine.
Le 3 juin 1884 il écrit son testament par lequel, il lègue le domaine de Chantilly à l’Institut de France.
signature du duc d’Aumale
Deuxième exil et retour
Lorsque la Chambre des députés et le Sénat votent l’expulsion “des chefs des familles ayant régné sur la France” et les princes ayant servi dans les armées de terre et de mer sont rayés des cadres, le duc d’Aumale ne contient pas sa douleur.
Le 15 juillet 1886 il part pour son deuxième exil et transforme son testament en donation par l’acte de 26 octobre 1886. Il partage son temps entre l’Angleterre, la Belgique et la Sicile et termine le cinquième volume de “l’Histoire de princes de Condé“.
Chantilly le reçoit avec joie, la population vient lui souhaiter la bienvenue. Une souscription publique est ouverte et la population de Chantilly lui offre une belle médaille qui se retrouve, aujourd’hui dans les vitrines du musée.
Il est réçu le 30 mars 1889 à l’Académie des Sciences morales et politiques.
Le duc retrouve le goût de la vie, il entreprend de travaux d’embellissement du château qu’il a donné à la France.
Il restaure avec plaisir la maison de Sylvie, en rajoutant un salon aux magnifiques boiseries. Il fait graver à l’extérieur de la maison les verses du poète Théophile de Viau.
Dans la château il retrouve les livres dont il ne cesse d’augmenter le nombre. Il reçoit ses invités à Chantilly ou en Italie, à son domaine de Zuccopropriété du duc d'Aumale situé près de Palerme, en Sicile.
Le duc d’Aumale, portrait par Léon Joseph Florentin Bonnat, 1890 (source Wikipedia)
Décès et honneurs
C’est à Zuccopropriété du duc d'Aumale situé près de Palerme, en Sicile qu’il s’éteint, la nuit de 6 vers 7 mai 1897, à deux heures du matin. Le 17 mai eut lieu, à l’église de la Madeleine de Paris, le service des obsèques du duc d’Aumale, et les troupes saluèrent le cercueil en un dernier hommage. Le duc d’Aumale repose à Dreux dans le mausolée royal à côté des siens, la duchesse sa femme et ses deux fils.
La ville de Chantilly, à l’initiative du maire Omer Vallon, ouvre une souscription publique pour ériger une statue en hommage au duc d’Aumale. 75 000 F (228 673E) sont collectés, et la statue est inauguré le 15 octobre 1899.
Oeuvre du sculpteur J.-L. Gérome, la statue représente le duc d’Aumale, en uniforme militaire, en un geste de salut vers la ville qu’il a tant aimé. Ses faits d’armes célèbres (la prise de la smalah d’Abd-el-Kader et la reddition de celui-ci) sont représentés sur le socle.
Le respect qui a entouré le duc d’Aumale, se retrouve dans les honneurs qui lui ont été accordés:
- il a été élu à l’Académie française (30 décembre 1871),
- à l’Académie de Sciences morales et politiques (30 mars 1889),
- à l’Académie de Beaux-Arts (14 février 1880),
- nommé directeur de l’académie de Besançon,
- élu à l’Académie royale de Bruxelles,
- nommé docteur honoraire de l’Université d’Oxford.
- Il était Grand-Croix de la Légion d’honneur depuis 1842.
Mais rappelons aussi sa bonté, ses gestes de bienveillance: il agrandit “la Charité”, en rajoutant des salles pour les malades, une crèche, une salle de classe, un asile pour l’enfance; par son testament, a fait au Conseil général d’Oise un don pour venir en aide aux prêtres âgés de la diocèse de Beauvais.
Les armes du duc d’Aumale: d’azur à trois fleurs de lys d’or, brisé d’un lambel d’argent.