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Théophile de Viau

Mon frère, mon dernier appui,
Toi seul dont le secours me dure
Et toi qui seul trouves aujourd’hui
Mon adversité longue et dure,
Ami ferme, ardent, généreux,
Que mon sort le plus malheureux
Pique d’aventure à le suivre,
Achève de me secourir:
Il faudra qu’on me laisse vivre
Après m’avoir fait tant mourir.

Lettre de Théophile à son frère

Poète baroque et libertin, le plus lu au XVIIe siècle, mais oublié suite aux critiques des Classiques, avant d’être redécouvert par Théophile Gautier.

Condamné en 1623 au bûcher, pour des poèmes jugés scandaleux, il trouva asile à Chantilly, protégé par le duc Henri II de Montmorency et sa femme, Marie – Félice, duchesse de Montmorency. Il témoigna sa reconnaissance à la bonne fée qui l’accueillait, en lui dédiant des poèmes dans lesquels la duchesse, comparée à Sylvie, la fée de la forêt, anime les plaisirs et les occupations de toutes les heures dans ces lieux,

” Où Sylvie en ses promenoirs,

jette l’éclat de ses yeux noirs”.

Théophile de Viau est né entre mars et mai 1590 à Boussères, commune près de Clairac (47320, Lot-et-Garonne ) dans une famille protestante.  Il a fait ses études à l’académie protestante de Saumur et à l’université de Leyde.

Dans les années 1611–1613, il se joint à une troupe de théâtre ambulant comme “poète à gages”, puis s’installe à Paris en 1615, où il mène une vie de fêtes et réussit à dévenir un brillant poète de cour. On le voit successivement attaché au duc de Candale, au marquis de Liancourt, au duc de  Montmorency.

En contact avec les idées épicuriennes du philosophe italien Giulio Cesare Vanini ( 1585 – 1619, érudit dont la conception philosophique s’apparente au libertinisme et au naturalisme panthéiste), sa réputation dans le monde religieux est mauvaise.

En 1619, il est banni du royaume, accusé d’irréligion et d’avoir des ” mœurs indignes “. Il y rentre l’année suivante, visiblement assagi. En 1622, il abjure même le protestantisme. Il fréquente des prélats et des religieux. Mais en changeant de religion, il ne réforma pas ses mœurs.

Après la publication sous son nom de poèmes licencieux dans le recueil le Parnasse satyrique , il est, sur dénonciation de deux  jésuites, Père Voisin et Père Garasse, condamné à apparaître  pieds nus devant  Notre-Dame de Paris pour y être brûlé vif, en 1623. La sentence est exécutée en effigie tandis que Théophile se cache. Arrêté alors qu’il tentait de passer en Angleterre, il est emprisonné à la Conciergerie, dans le cachot de Ravaillac (François Ravaillac, né en 1577 à Angoulême et exécuté le 27 mai 1610 en place de Grève à Paris, pour l’assassinat d’Henri IV, roi de France, le 14 mai 1610), pendant près de deux années. Après une longue procédure, le parlement révoqua la sentence qui le condamnait à être brûlé vif, et commua cette peine en un simple bannissement de la capitale. Dès que le poète eut retrouvé sa liberté, il se retira à Chantilly, chez le duc de Montmorency. Grâce à ce généreux protecteur, il put même revenir à Paris où il s’éteignit le 25 septembre 1626, à l’âge de trente-six ans et fut enseveli au cimetière de l’église de Saint-Nicolas des Champs (3e arrondissement de Paris).

Dans ce parc un vallon secret
Tout voilé de ramages sombres,
Où le Soleil est si discret
Qu’il n’y force jamais les ombres,
Presse d’un cours si diligent
Les flots de deux ruisseaux d’argent
Et donne une fraîcheur si vive
A tous les objets d’alentour,
Que même les martyrs d’amour
Y trouvent leur douleur captive.

 

Un étang dort là tout auprès,
Où ces fontaines violentes
Courent et font du bruit exprès
Pour éveiller ses vagues lentes.
Lui d’un maintien majestueux
Reçoit l’abord impétueux
De ces Naïades vagabondes,
Qui dedans ce large vaisseau
Confondent leur petit ruisseau
Et ne discernent plus ses ondes.

 La maison de Sylvie, Ode III

parc du château de chantilly

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