Christian HUYGENS, (1629-1695), génie scientifique méconnu
Christian Huygens est né à La Haye dans une famille protestante aisée, très unie, où la culture et l’éducation des enfants tiennent une place prépondérante. Titan, pour sa famille, montre, très tôt, de grandes facilités pour le calcul.
En 1652 il détermine la valeur de π (pi) avec 9 décimales exactes, en calculant la longueur des polygones inscrit et circonscrit à un cercle. La même année, il s’intéresse aux percussions entre solides, sujet qu’il reprendra plusieurs fois. « De motu corporum ex percussione » paraîtra après sa mort, en 1703. Il construit avec son frère Constantin une lunette qu’il pointe, en 1655, sur Saturne.
Il découvre un satellite qu’il nomme Titan, qui tourne autour de Saturne en 16 jours. Après un voyage en France, il reprend sa lunette et constate que Saturne présente deux appendices opposés, dont l’aspect varie. Il est le premier à comprendre qu’il s’agit d’un anneau incliné sur l’écliptique.
L’année suivante Huygens commence à s’intéresser à la mesure du temps. Une mesure fiable rendrait possible la détermination des longitudes en mer, bien utile pour le commerce maritime. Sa première invention est le couplage d’une horloge, mue par un poids, avec un pendule. Pour de grandes amplitudes, la durée des oscillations du pendule augmente. Afin de rendre le pendule isochrone, Huygens oblige, pour les grandes amplitudes, le fil du pendule à s’enrouler sur des joues, limitant ainsi sa longueur efficace. Il calcule le profil de ces joues, qui doit être une cycloïde, ce qui le conduit à développer la théorie des courbes « développées ». La mise au point des « horloges marines » sera, toute sa vie, une préoccupation constante.
Parallèlement à ces réalisations, il calcule, en 1659, une relation entre la durée des oscillations (période) d’un pendule simple et le temps de chute libre d’un corps d’une hauteur égale à la longueur de ce pendule, conduisant à la formule classique du pendule simple. Ce beau travail paraîtra en 1673 dans « Horologium oscillatorium ».
L’activité de Huygens est intense au cours de l’année 1659. Après avoir défini la force centrifuge, il utilise cette force, dans des expériences originales, pour mesurer l’accélération de la pesanteur. En 1664 il élabore la théorie du pendule composé.
Huygens a toujours entretenu de bonnes relations avec les scientifiques voisins, qu’il a rencontrés au cours de deux séjours à Paris en 1660 et en 1663 et de deux voyages à Londres en 1661 et 1663. Sa notoriété est reconnue par tous. En 1665, le mathématicien Carcavy est chargé par Colbert de lui annoncer sa nomination à la nouvelle Académie royale des Sciences et de lui en proposer la direction. En avril 1666 Il quitte La Haye pour Paris, et rejoint les 6 membres nommés. Il définit alors les grandes lignes des futures activités de l’Académie. Huygens participe à tous les travaux de ses collègues. Il doit répondre à des inventeurs fantaisistes, participer à des applications technologiques concernant les moulins à vent, les fontaines, les roues de canon…
Un grand débat s’ouvre sur les causes de la pesanteur. Roberval, partisan de l’attraction et Huygens, favorable à la théorie des tourbillons, s’opposent. Ce dernier présente des expériences non concluantes, durement critiquées par Roberval. En 1670 Huygens, très fatigué, atteint d’une mélancolie profonde, rejoint La Haye pour se reposer.
A son retour à l’Académie, en 1671, il apprend l’invasion d’une partie des Provinces Unies par Louis XIV, l’invasion totale est évitée par l’inondation des polders. En 1673, sur l’insistance de Colbert, il publie une œuvre maîtresse : « Horologium oscillatorium » , avec une dédicace à Louis XIV qui frise la flagornerie et indispose ses amis et sa famille. L’astronome Richer est envoyé à Cayenne par l’Académie royale des Sciences afin de déceler s’il existe une variation de la période d’un pendule entre Paris et Cayenne. Il a observé que le même pendule bat plus vite à Paris qu’à Cayenne. Huygens conclut que la gravité est plus grande à Paris qu’à Cayenne, et donc que la terre est renflée à l’équateur. Les mesures du méridien réalisées au XVIIIe siècle confirment l’interprétation de Huygens. Ce dernier a confié à Richer deux « horloges marines », il apprend dès le retour de celui-ci, qu’elles n’ont pas résisté au voyage. Ces échecs conduisent notre savant à inventer le ressort spiral.
Il tombe malade en 1676, et doit se reposer à La Haye. C’est à La Haye, en 1677, qu’il commence à écrire le « Traité de la lumière », dans le calme de sa maison familiale, loin de l’agitation parisienne. Il émet l’hypothèse d’une transmission de la lumière par ondes sphériques successives. Il explique ainsi la réflexion, la réfraction et même la double réfraction du feldspath.
Il est de retour à l’Académie en 1678. Une troisième crise de mélancolie le frappe en 1681 et l’oblige à rejoindre La Haye. Il s’engage à revenir à l’Académie en 1683, mais entretemps son bienfaiteur, Colbert, meurt. Plutôt que de rejoindre rapidement Paris, Huygens attend de Louvois, successeur de Colbert, confirmation de sa place à l’Académie. Après plusieurs demandes il ne reçoit aucune réponse. Il rédige, en 1693-94, une description du monde intitulée « Cosmotheoros ». On y trouve les diamètres des planètes, les distances de étoiles, valeurs très approximatives, et un aspect du ciel, vu par des supposés habitants des planètes.
Huygens tombe gravement malade en mars 1695 et succombe, après de grandes souffrances, le 8 juillet 1695.
Huygens est venu trois fois à Chantilly.
– En 1655, à l’occasion d’un séjour initiatique en France, voulu par son père, il visite le parc du château de Chantilly.
– En 1680, alors qu’il s’accorde quelques jours de repos, il revisite, le 24 novembre, le parc du château. La fontaine du bassin de la Gerbe fonctionne, il s’arrête au pied de Grand escalier et entend » …une résonance qui a un certain ton de musique « . Il soupçonne que ce phénomène est dû à la réflexion du bruit de la fontaine sur les contremarches du Grand escalier. Il mesure la largeur des marches (17 pouces), et de retour à Paris, confectionne un tube fermé à une extrémité, de 17 pouces de long. En soufflant dans ce cylindre, il obtient le même » ton que celui de l’escalier « .
– En 1680, revenu dans les lieux le 3 décembre, il trouve le parc et le Grand escalier couverts de neige et constate que » le son ne s’entend plus « , confirmant ainsi le rôle de la réflexion. En 1693 il explique sa découverte par « …des différences de temps justement égales à celui que les ondoiements de l’air emploient à aller et venir autant qu’est la largeur de la marche « .
Trois siècles plus tard, Bilsen, professeur à l’université de Delft, analyse la réflexion du son sur les contremarches du Grand escalier. Il confirme l’interprétation de Huygens et mesure la fréquence du son détecté. Il s’agit d’une fréquence voisine de celle de la note sol.
Le Grand degré et le bassin de la Gerbe